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Arôme de vanille issu des bouses de vache

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La vanille, une culture qui vaut de l’or

La petite histoire de la vanille

La vanille est une plante originaire du Mexique, tout d’abord cultivée par le peuple Aztèque, ce qui fut constaté par les conquistadors espagnols au début du XVIe siècle. Ceux-ci la ramenèrent dans leurs pays mais manque de chance, chez eux, elle fleurissait sans jamais donner de gousses ! Ils lui donnèrent le nom de « vanilla », ce qui signifie petite enveloppe. Elle fut donc utilisée en Europe comme une plante décorative, jusqu’à que celle-ci soit amenée à la Réunion, qui est à l’époque une colonie française et là, miracle : -ci fait des gousses. Miracle, pas vraiment au final, mais heureuse coïncidence ou savante découverte, l’histoire n’en est plus bien sûre. En effet, ce qui fait que la vanille donnait des gousses au Mexique, c’est l’intervention d’une abeille locale et celle-ci ne se trouve qu’au Mexique. Cependant, au XVIIIe siècle, que ce soit par recherche ou par accident, les Européens trouvèrent le processus de fertilisation manuelle qui allait démocratiser la culture de la vanille à travers le monde. Ironiquement, le Mexique n’est aujourd’hui qu’un petit producteur de vanille, en comparaison de la Réunion, de Madagascar ou encore de l’Indonésie.

La culture et la transformation de la vanille

À l’origine, la vanille est une plante de sous-bois, car elle a besoin d’ombre. Elle se présente comme une liane qui peut monter jusqu’à 15 mètres de hauteur et elle fait partie de la famille des orchidées. La vanille est le plus souvent cultivée dans des champs de cannes, sur lesquelles elle se fixe, ou sous des ombrières, qui la protègent du soleil tout en laissant passer l’eau. Ce qui nous intéresse sur ces lianes de vanille, ce sont ses fleurs, car ce sont elles qui vont donner la fameuse gousse de vanille. Ces fameuses fleurs ne facilitent pas les choses : en effet, elles ne s’ouvrent qu’une seule journée par an et le plus souvent, la nuit. Les belles se font désirer, et ce travail délicat était à l’origine exclusivement effectué par des femmes, que l’on nommait les marieuses. Sa période de floraison se situe entre septembre et décembre et donc, cela représente une grosse période de travail pour les planteurs de vanille, qui doivent effectuer un travail minutieux mais rapide.

Après 9 mois, les gousses pourront enfin être cueillies. Vous pensez qu’à ce stade, une belle odeur de vanille s’en dégage ? Perdu ! À ce stade, elles sont simplement vertes ! Et l’odeur de vanille est encore bien bloquée à l’intérieur. Pour libérer son arôme, il va falloir passer par plusieurs processus :

  • Tout d’abord, l’échaudage, où les gousses seront trempées quelques minutes dans une eau à environ 65 degrés pour perdre une enzyme et commencer le processus de libération de l’arôme ;
  • Après leur bain d’eau chaude, les gousses sont recouvertes pendant 24 heures pour les faire suer ;
  • S’ensuit une semaine de 4 heures de séchage en plein soleil de l’ordre de 4 heures par jour pendant 7 jours ;
  • Puis suit environ 1 mois de séchage à l’ombre ;
  • Enfin, les gousses sont maintenant brunes, mais elles vont être placées dans un caisson de fermentation pendant 8 mois ! Cela est absolument nécessaire pour développer leurs arômes !

Les vanilles ayant perdu leur eau, il faut bien se rendre compte qu’avec 4 kilos de vanille verte, on ne fait qu’un kilo de vanille sèche ! Sachez que tout ce travail a un prix. En effet, la vanille est la deuxième épice la plus chère au monde, juste derrière le safran !

Petit point sur l’arôme de vanille

Avec tout ce que nous avons appris sur la vanille, nous comprenons qu’avec les simples cultures de vanille, impossible d’obtenir la production nécessaire pour tous les produits que nous allons parfumer au doux parfum de vanille. Glaces, yaourts, produits de beauté, crème pâtissière, produits d’ambiance, etc., la vanille est victime de son succès et il a donc fallu trouver différents modes de production pour les arômes à la vanille.

Précisons que la vanilline n’est pas la seule molécule olfactive et gustative présente dans une gousse de vanille. En effet, on y trouve des arômes se rapprochant du beurre, de la cannelle ou encore de la réglisse, qui lui donnent son arôme unique, ce qui n’est pas le cas pour les autres types d’arômes que nous allons voir et qui, eux, sont exclusivement faits à partir de vanilline de différentes origines.

Voyons ensemble les différentes appellations d’arômes et à quoi elles correspondent :

  • Pour commencer, la mention « vanille naturelle » illustre des arômes issus de véritables gousses de vanille. Elles comportent donc les différentes notes aromatiques illustrées ci-dessus ;
  • Ensuite, il y a la mention « vanilline de synthèse », qui est créée en laboratoire à partir de produits chimiques et qui ne présentent que de la vanilline ;
  • Enfin, la mention « arôme naturel de vanille » illustre la production de vanilline, faite à partir de matériaux naturels, tels que le son de riz, de clou de girofle, de hêtre ou encore… de bouses de vache ! 🤔

Un arôme vanille à partir de bouses de vache ??

En effet, selon Mayu Yamamoto, chercheuse au Centre médical international du Japon, le fait de cuire une bouse de vache pendant plusieurs heures et de la soumettre à la pressurisation permettrait d’obtenir la précieuse vanilline. Ce phénomène pourrait permettre de valoriser un déchet et de créer un nouveau pôle de rentabilité pour les exploitants, tout en produisant une vanilline à bas coût. En revanche, il faudrait environ 6 kg de bouses pour obtenir 8 cl de vanille, et même si nous savons effectuer le processus, nous n’avons pas encore d’engin permettant de travailler la bouse à grosse échelle. De plus, plusieurs personnes pensent que le consommateur serait peu enthousiaste à l’idée d’utiliser cette vanilline, à plus forte raison qu’en matière d’arôme et donc d’alimentation, mettre l’origine du produit serait une obligation qui pourrait refroidir plus d’un consommateur.

Toutefois, gardons à l’esprit que la valeur de la vanille est passée de 42 euros le kilo en 2012 à environ 300 euros aujourd’hui… Les conditions sociales et climatiques font que la vanille, doucement mais sûrement, va être en pénurie. Il est donc important de trouver des alternatives et si possible, vertes.

Et vous ? Seriez-vous pour ou contre l’utilisation d’une vanille issue des bouses ?

Voilà mes petits loups ! C’est tout pour aujourd’hui, j’espère que cet article vous aura plu et qu’il vous aura fourni des réponses. Vous pouvez me retrouver sur ma chaîne Facebook et mes réseaux sociaux, et n’hésitez pas a aimer l’article. À bientôt !Enfin, si vous voulez être guidez de A à Z dans la réalisation de vos cosmétique n’hésitez pas à découvrir mon livre “Tambouille sans embrouille”.

14 commentaires

  • Pascal Quionquion

    Incroyable de lire le titre de cet article. Je ne pouvais pas passer à côté. La bonne nouvelle est que ma curiosité a été comblé par tes explicationd. Effroyable mais intéressant. Je choisis de ne pas à me poser trop de questions sur l’origine du parfum vanillle de ce que j’achèterai 😉 Je pense que ce sera mieux comme ça !
    Merci et au plaisir.

  • Caroline

    Article très intrigant, surprenant et enrichissant ! La recherche est vraiment fascinante ! Respect à cette chercheuse japonaise d’avoir eu cette idée plus qu’originale 🙂
    Il est temps de penser à des méthodes alternatives pour conserver notre belle nature. Je valide la vanilline de bouse de vache ^^
    Merci pour cette découverte !

  • Anne

    Je suis une inconditionnelle de la Vanille et comme Pascal, je ne pouvais pas passer à côté !
    Il est parfois surprenant de voir les moyens mis en oeuvre pour obtenir l’appellation “naturel” !!
    La revalorisation des déchets donne parfois des résultats bien innatendus, on peut se demander quel enchainement d’idées a conduit les chercheurs à se pencher sur la bouse de vache pour en extraire la vanilline 🤔!

  • Caroline

    Merci pour cet article très instructif ! C’est encore un excellent exemple que l’industrie agroalimentaire nous fait vraiment manger/utiliser de la M…E et qu’à partir du moment où ça a bon goût et où il y a un lien avec un produit de luxe (osons le dire!) ça passera sûrement comme une lettre à la poste. Au moins, comme ça, on est prévenu.
    N’empêche, je me demande ce qu’ils vont pouvoir écrire sur les étiquettes de composition des porduits ?! 😀

  • Chloé

    La nature est pleine de surprises ! A la rigueur, je préfère un arôme extrait de bouses de vaches qu’un arôme de synthèse plein de solvants 😊. Petit précision sur l’étiquetage : l’origine des arômes n’est pas obligatoire (il n’est pas indiqué par exemple que l’arôme naturel de vanille vient du bois ou du son de riz)

  • Anne PRUDENT

    J’ai appris beaucoup de chose gràce à ton article. C’est vrai qu’au premier abord, la bouse vache… On peut se montrer réticent mais pourquoi pas, après tout. Revaloriser un déchet organique, c’est plutôt bien et à l’avenir, nous serons amené à repenser notre alimentation et changer nos mode de vie.
    Merci pour toutes précieuses infos.

  • Murielle

    Je savais qu’on pouvait faire du papier à partir de bouse de vache mais je n’aurai pas cru que l’on pourrait en obtenir la senteur de la vanille. Pour avoir un beau-frère éleveur laitier, la senteur de la bouse de vache à l’origine s’en éloigne pourtant beaucoup !! Pour ma part, une crème sans odeur ne me dérangerait pas 😅

  • CorinneAkMelu

    C’est le titre qui m’a attirée vers ton article et je peux dire que je ne suis pas déçue. Je ne connaissais pas du tout cette façon d’obtenir cet arôme de vanille. La glande de castor oui, mais pas la bouse. Et pourquoi pas du coup ? au moins on ne torture personne et on doit pouvoir en plus récupérer les résidus pour les culture. Alors bouse de vache go ! go !
    les réticenses sont dans la tête…

  • Stéphaële - Saveurs Solaires

    Merci pour cet article très instructif! Quelle surprise! Je serais vraiment curieuse de savoir comment ils ont fait cette découverte… Mais oui en effet c’est vrai que la vanille devient de plus en plus chère. Les exraits naturel se vendent à prix d’or, et pourtant qu’est-ce qu’on l’aime cette note si subtile dans nos pâtisseries!

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